BOLIVIE - Sud Lipez / Salar Uyuni / Potosi / Sucre
Le passage à la frontière a été des plus originaux. Nous sommes arrivés en bus jusqu'à la ville de La Quiaca (côté Argentin), puis nous sommes allés à pied jusqu'à Villazon (côté Bolivien), à une vingtaine de minutes. Une attente interminable sous un porche pour sortir de l'Argentine, puis pour entrer en Bolivie. Nous pensions retirer de l'argent mais le seul distributeur de la petite ville était en panne et notre bus pour Tupiza partait dans l'immédiat. Nous avons donc échangé les quelques pesos argentins qu'il nous restait contre des bolivianos et sommes montés dans le bus, après les deux taxes de passage ! Du pourboire pour mettre les sacs en soute, nous avions l'habitude en Argentine, mais du pourboire pour monter dans le bus ?...
Nous arrivons enfin à Tupiza, village clef pour les excursions au Sud Lipez. Et là encore, pas un seul distributeur ! Il faut savoir que la majorité des boliviens n'a pas de carte de paiement et fait la queue pendant des heures à la banque à la fin de chaque mois... comme dans d'autre pays sud-américains. Nous avons été obligés de choisir un hôtel acceptant les cartes bleues et avons demandé au gérant de payer un peu plus cher la chambre pour recevoir la différence en billets pour pouvoir diner le soir. Petite taxe de passage et nous voici avec 30 bolivianos pour manger, ce qui représente un peu moins de 3 euros. A ce prix-là, nous avons eu hamburgers et coca chacun, pas trop mal.
Le lendemain après avoir été à la banque et fait une demande d'autorisation auprès de Mastercard, nous avons enfin des sous pour payer notre excursion dans le sud Lipez. Notre agence "El grano de Oro" a été l'un des meilleurs choix que nous ayons fait ! Nous voilà partis pour 4 jours avec deux israéliens, dans un 4X4 conduit par Juan Carlos, un chauffeur exceptionnel, et nourris par Vicky, un petit cordon bleu !
DESERT DU SUD LIPEZ ET SALAR D'UYUNI
Dans le 4X4 nous avons alterné tous les jours avec nos compagnons de route pour que chacun puisse profiter des places avant qui offrent plus de place pour les jambes qu'a l'arrière. Nous sommes partis dans la matinée de Tupiza et avons fait route vers le sud Lipez, atteignant parfois des altitudes renversantes... Nous voici en Bolivie ! Depuis la fin du Pérou, nous avions perdu cette sensation de manque d'air et de froid saisissant !
Le sud Lipez offre un panorama exceptionnel de paysages de cartes postales. Des lagunes aux couleurs turquoises, pastels, de feu, et tout ça sous un ciel d'un bleu sans tache, ou parfois parsemé de nuages qui se reflètent dans les lagunes limpides. Des colonies de flamands roses se nourrissent paisiblement de crustacés vivant dans les eaux glacées et semblent à peine gênés par notre présence.
La nature a préservé sa pureté et il règne dans ce désert une atmosphère de sérénité et d'immensité incroyable. Rejoignant le désert d'Atacama au Chili, le sud Lipez est tout simplement un désert paradisiaque, malgré le froid et l'aridité de certaines régions.
Flamands sur les lagunes
En fin d'après-midi nous arrivons à notre premier gite. Vicky nous prépare un petit goûter (maté de coca, tisanes, biscuits et confitures) avant de s'affairer derrière une petite plaque pour préparer le diner. Malgré les odeurs délicieuses qui se dégagent des plats, nous ne pouvons pas tout manger, fatigués par le froid et l'altitude, et peut être aussi par le goûter pris peu de temps auparavant ! Nous avons passé une première soirée agréable avec Tal et Ayuri, le couple d'amis israéliens. Nous sommes partis en cuisine pour aider Vicky. Anne et Tal se sont chargées de peler les légumes pour le lendemain pendant que les garçons essuyaient la vaisselle. Cela a fait rire Juan Carlos, sans doute peu habitué à voir des hommes en cuisine ! Puis nous nous sommes couchés avec nos habits thermiques et notre duvet ayant un confort de -10 degrés qui n'ont pas été de trop !
Après un réveil trop matinal (5h), nous avons avalé un maté de coca et avons tous continué la nuit dans le 4X4. Juan Carlos nous a réveillé au pied d'une lagune éblouissante ! Entre rêve et réalité, nous sommes descendus du 4X4 et avons pris des photos. Au fil de la journée, nous sommes allés d'émerveillement en émerveillement. Tout semble identique et pourtant les lagunes n'ont pas les mêmes couleurs, les volcans et montagnes ont des couleurs changeantes en fonction de l'emplacement du soleil. Les vigognes s'enfuient à notre approche. Les troupeaux de lamas paissent tranquillement, moins sauvages que leur cousins et le désert semble s'ouvrir à nous.
La Laguna Blanca
Devant la Laguna Verde et le volcan Licancabur au loin
Nous irons jusqu'à 5000 mètres d'altitude pour voir les geysers appelés Sol de Mañana (Soleil du matin). A la fois dangereux et fascinants, ces trous béants crachent des gaz toxiques et font jaillir de la boue et du souffre. Ça gargouille et semble bouillir de partout, prêts à exploser ! Très impressionnant !! Pour des raisons de sécurité, il n'est pas recommandé de rester longtemps près de ces geysers.
Geysers Sol de mañana
Geysers Sol de mañana
Geysers Sol de mañana
Sources d'eau chaudes
Puis, le soir, Juan Carlos vient nous annoncer que des blocages de grévistes sur la route rendent impossible toute continuation de notre excursion. Tous les guides présents ce soir-là se réunissent afin d'opter pour la meilleure stratégie pour continuer.
Au petit matin, nous partons vers un chemin détourné et nous éloignons de notre étape initiale. Juan Carlos nous explique que les grévistes bloquent les routes de passages touristiques et d'approvisionnement des villages car beaucoup d'entre eux n'ont pas d'électricité ni d'eau potable. Contrairement à ce que leur avait promis le gouvernent, ils n'ont toujours rien. Les blocages sont dits pacifiques, mais si les voitures tentent de forcer le passage, elles reçoivent des jets de pierre. Il n'est pas envisageable de traverser le désert en dehors des routes, car le risque de crevaison ou d’ensablement serait trop grand. Les routes ou plutôt les pistes que nous empruntons se sont faites naturellement au fil du temps par le passage répété des voitures et des camions.
Vas-y Carlos, ca passe !!
Des viscaches, ces espèces de gros lapins à queue d'écureuil qui se fondent dans le décor, se font rares mais dès qu'on en voit, on sort l'appareil photo. Un petit curieux est venu jusqu'à la voiture pour manger un bout de crêpe !
Viscache peu farouche...
Vigognes
Nous ne serons que 3 voitures à se suivre sur la dizaine présentes la veille. Après plus d'une heure d'attente à un point de rendez-vous fixé la veille, nos 3 voitures partent. Au détour d'une colline, elles s'arrêtent net, car loin devant sur la route, se trouvent des personnes. Un blocage. Jouant la prudence, les 3 voitures font demi-tour et nous resterons près de 7 heures cachés, à observer et attendre que les grévistes partent, transis par le froid et l'attente. Pari gagné ! Nous pouvons enfin partir. Les chauffeurs prennent néanmoins la précaution de rouler les feux éteints tout en roulant très lentement dans le désert. Nous arriverons enfin à notre refuge vers minuit, fatigués et frigorifiés.
La LLareta, cette mousse qui pousse sur les rochers et que nous avions déjà croisé au Chili
Le lendemain, le lever sera très matinal, à 5h du matin. Nous sommes de nouveau en route pour le fameux Salar de Uyuni, où nous retrouverons les autres voitures. Celles-ci n'ont pas suivi notre chemin car les chauffeurs ont cru bon de prendre la route prévue a l'origine, malgré les blocages... Résultat, les voitures se sont retrouvées coincées de 14h à 23h ! Les touristes français à qui nous avions parlé la veille en garde un très mauvais souvenir car ils les soupçonnent d'être de mèche avec les bloqueurs. Il n'y avait effectivement aucune raison de ne pas suivre le plan d'urgence fixée par toutes les voitures.
Arrivée sur le Salar d'Uyuni au petit matin
Certaines parties du Salar de Uyuni sont inondées à cette époque de l'année !!
Les pieds sur le Salar de Uyuni, le plus grand désert de sel du monde, nous ne pensions plus trop à la veille et avons profité de cette matinée sur le salar du mieux que nous avons pu, prenant des photos et rapportant des morceaux de sel. L'Ile du pêcheur et le musée de sel ont terminé cette excursion mémorable et fantastique !
Un désert de sel à perte de vue...
Arrivée sur l'Ile du pêcheur (Incahuasi)
Cactus géants sur l'Ile du pêcheur
Incahuasi
Incahuasi
Une rencontre improbable proche de Incahuasi...
Hôtel de sel à la sortie du salar, tout en briques de sel !!
Dans l'hôtel de sel avec Tal et Ayuri
Nous avons quitté Vicky et Juan Carlos avec regret, car avoir un chauffeur-guide et une cuisinière comme ça en Bolivie, c'est très rare !
Nous sommes donc arrivés à Uyuni, une ville dénuée de charme et sans intérêt particulier, et avons fait route ensuite pour Potosi.
POTOSI
Bienvenue dans la ville la plus haute du monde !! Si La Paz, que nous vous présenterons dans le prochain article est la capitale la plus haute du monde avec ses 3.700 mètres d'altitude, Potosi cette ville d'environ 200.000 habitants est située à 4.070 mètres d'altitude !!
Potosi, place centrale
Rue de Potosi
La ville est célèbre pour être construite au pied d'une montagne renfermant de nombreux filons d'argent, le Cerro Rico. Les conquistadors espagnols ont su, à l'époque de la colonisation, exploiter les indigènes locaux pour extraire des tonnes d'argent de cette montagne. Qui n'a jamais entendu cette célèbre expression : "Ça vaut un Potosi !", servant à caractériser un objet de valeur unique.
Vue sur Potosi et le Cerro Rico au loin
Durant quatre siècles, les espagnols ont envoyé vers l'Espagne quelques 50 milliards de dollars en lingots d'argent, une fortune pour l'époque !! Avec un peu de recul, on comprend aisément que tout cet argent a fortement contribué à irriguer l'économie espagnole et les principaux fournisseurs de la couronne espagnole à savoir l'Angleterre, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas et la France. Triste sort pour les populations locales de l'époque qui ont vu s'échapper vers l'Europe ces fortunes qui auraient fortement pu contribuer à combler l'écart économique actuel entre les pays andins et l'Europe.
De nos jours, les espagnols ne sont bien entendu plus sur place pour exploiter la population. Les mines du Cerro Rico appartiennent désormais à différentes coopératives de mineurs boliviens qui continuent le travail du minéral pour y gagner leur pain. La montagne est toujours sevrée en argent et en zinc et de nombreux filons restent à découvrir. Ce qui n'a pas changé en revanche, ce sont les conditions de travail, toujours aussi pénibles qu'il y a plusieurs siècles. Les conditions de sécurité y sont également effroyables, les mineurs continuent de chercher les veines d'argent à coup de dynamite et extraient directement les quelques pépites d'argent au marteau, sur place, au fond de la mine.
Ceux-ci accueillent volontiers de nos jours les touristes désireux de venir les rencontrer pour prendre conscience de leurs dures conditions de travail.
Nous partons de bon matin avec un guide de Potosi (la plupart étant d'anciens mineurs reconvertis) à la découverte des mines du Cerro Rico. Après un passage au dépôt pour y enfiler des bottes, un casque et des vêtements étanches, nous filons au marché pour y acheter des denrées et autres, que les mineurs que nous croiserons au fond de la mine, sont toujours ravis de recevoir: feuilles de coca (pour couper la faim et prolonger la résistance physique), boissons fruitées, alcool à 97 degrés (si si les mineurs adorent ça !!), cigarettes et... bâtons de dynamite en vente libre également !!
Prêts pour la mine avec Tibor et Adeline
Nous partons avec notre guide et notre petit groupe (dont Adeline et Tibor rencontrés à la descente du bus la veille) en direction des mines. Il existe plus de 400 entrées pour pénétrer au cœur de la montagne, pas d'ascenseurs ou de système de ventilation. Nous nous dirigeons à pied dans ce labyrinthe souterrain. Les personnes claustrophobes ne sont pas les bienvenues, certains passages sont très étroits et nécessitent de s'accroupir par endroits. Après 30 minutes de marche, nous entendons par écho des sons de tintement de marteaux. Notre guide prend les devants et nous invite à le suivre. Nous tombons sur deux mineurs boliviens occupés à tailler au marteau quelques blocs minéraux afin d'en séparer l'argent et le zinc. Nous leur offrons quelques feuilles de coca et des cigarettes. Ceux-ci nous expliquent qu'ils peuvent travailler jusqu'à 8 heures d'affilées sans manger. Pour cela, les vertus "coupe-faim" de la coca leur sont bien utiles.
Nous continuons notre chemin et notre guide nous informe que nous allons faire la connaissance du "Tio", plus bas au fond de la mine. On ne sait pas trop sur quoi, ou sur qui, nous allons tomber et nous nous demandons qui peut être ce fameux Tio... Au bout de quelques minutes, nous arrivons devant une petite caverne abritant un mannequin de bois avec un drôle de tête d'animal à cornes, le tout coiffé de rouleaux de papier torsadé pour fêtes !! "Le Tio vous souhaite la bienvenue !", s'exclame notre guide. Le fameux Tio est en fait la représentation du Dieu de la mine. Les mineurs croient fortement en lui. Celui-ci veille sur eux durant leur travail et les aide à découvrir de nouveaux filons d'argent. En échange, les mineurs ont l'habitude, au moins une fois tous les deux jours, de venir s'assoir à ses côtés pour partager feuilles de coca, cigarettes et alcool à 97 degrés, rituel auquel nous aurons également droit lors de notre visite (sous peine d'offenser le Tio et de ne peut-être pas ressortir vivant de la mine...). Après quelques trentaines de minutes passées en sa compagnie (et quelques shots d'alcool à 97), nous attendrons bien sagement que le Tio finisse sa cigarette et poursuivrons toujours plus au fond de la mine pour y rencontrer d'autres mineurs.
Le fameux Tio et notre guide
Avec le Tio, attendant qu'il finisse sa cigarette...
Au total, nous aurons passé presque 3 heures dans les galeries et en ressortirons en ayant le sentiment d'en savoir un peu plus sur les pénibles conditions de travail et les coutumes quotidiennes de ces mineurs mettant au péril leur vie pour ramener quelques bolivianos à leur foyer.
Petit coup de mains
Démonstration d'explosion de dynamite
SUCRE
Depuis Potosi, nous avons pris un taxi jusqu'à Sucre (prononcez Soucré), ancienne capitale de la Bolivie. Cela revenait au même prix que de prendre un taxi jusqu'au terminal de bus et de prendre un bus local. Le chauffeur a attendu quelques temps que son taxi soit plein, 4 places, et nous sommes partis. C'est pendant la course de 3 heures que nous avons le plus regretté Juan Carlos, notre chauffeur-guide du Sud Lipez ! En Bolivie, doubler par la droite et dans les virages est monnaie courante, autant dire qu'on est content d'arriver à bon port !
Nous rejoignons Adeline et Tibor qui, arrivés un jour avant nous, nous ont réservé une chambre et nous partons diner tous ensemble.
Sucre est une ville très accueillante, jeune et festive. C'est une ville à l'architecture coloniale très marquée, et beaucoup de routards s'y arrêtent plusieurs jours pour se reposer et aller à la rencontre d'autres touristes. Ce fut l'occasion de rencontrer d'autres français, de passer des soirées presque interminables, de partager des souvenirs ou de partager nos expériences autour de grandes tablées joyeuses et bruyantes ! Du nouveau pour nous, qui depuis le début sommes relativement calmes. Ce fut aussi l'occasion pour Anne de retrouver une amie du collège également en vacances en Amérique du Sud.
Nous avons profité d'un dimanche ensoleillé pour nous rendre avec Tibor et Adeline, à l'un des plus beau marché de Bolivie, Tarabuco. Un paradis pour les accros au shopping ! Là-bas, les tissus et les textiles sont plus que bon marché et tout simplement magnifiques, on ne sait où donner de la tête, et nous sommes repartis avec pleins de souvenirs.
Marché de Tarabuco
Marché de Tarabuco
Marché de Tarabuco
Marché de Tarabuco
Puis de retour dans la ville de Sucre, nous avons continué les festivités toujours en bonne compagnie ! On se serait presque cru en colonie de vacances.
Stands de jus de fruits frais
Gélatines à déguster
Marché des fruits et légumes
Proche de Sucre se trouve également un site archéologique exceptionnel. Une carrière de pierres a mis à jour une immense paroi verticale sur laquelle on peut apercevoir des traces de dinosaures attestant de leur présence sur ces lieux il y a des millions d'années. Sur place, un guide nous aide à différencier les traces des "carnivores" de celles des "herbivores" car chacun des groupes avait leur propre manière de se déplacer étant donné leur morphologie bien différente. Un musée pédagogique et quelques spécimens de dinosaures construits "grandeur nature" se trouve également proche du site.
La fameuse paroi vu de loin. Cherchez les traces (3 déplacements au total ici)...
Romain au pied d'un diplodocus
Nous garderons un très bon souvenir de Sucre. Le voyage continuant, nous avons fait route vers La Paz, la capitale de la Bolivie.